Corps et santé

CORPS, SORCELLERIE ET EFFICACITÉ SYMBOLIQUE   
L’organisme est un système dynamique complexe et la connaissance parfaite de ses composants élémentaires ne permet pas de prévoir son évolution globale, ni de comprendre sa finalité́. D’autant plus que les immenses progrès des moyens d’investigation, notamment de la neuro-imagerie, ne permettent pas de seulement envisager, au champ du questionnement scientifique, la question d’un déterminisme entre la pensée abstraite, ou seulement symbolique, et la fonction de l’organe. Dès lors, l’émergence de la maladie ou la mort échappe en partie au questionnement scientifique et au réductionnisme physiologique. Surtout quand le terrain étio-pathologique qui les précède est vierge, comme dans les cas de morts par enchantement, de morts vaudous ou d’attaques sorcellaires. Dans ces cas de mort, c’est toujours une parole qui produit des effets dans le réel du corps dans les cas de mort sans causes apparentes : comme le note Favret-Saada « parler ainsi équivaut à un acte suprêmement efficace, une parole tuant aussi certainement qu’une balle de fusil. » Mais cette parole n’est pas tenue ex nihilo, et son efficace renvoie à un lien social dont elle se fait l’écho. L’analyse de la mort sine materia doit en effet, non seulement intégrer la dimension sociale, mais plus précisément, celle du lien social, car ce lien permet de rendre compte de ce qui autorise un parlêtre à s’insérer et à nouer son corps-vivant aux signifiants qui émanent du groupe. Et les cas de mort sans causes apparentes, répertoriés aussi bien par Mauss que par Cannon, relèvent tous de sociétés holistes. C’est la raison qui conduit à s’intéresser au discours de l’initiation. Ce discours produisant souvent une écriture sur le corps permet de montrer comment le groupe constitue un élément important s’il y a dénouage de ce corps dans les cas que nous étudions. 

ANTHROPOLOGIE DE LA SANTÉ / DU LOINTAIN AU PROCHE

L’anthropologie médicale ou de la santé reste éclatée par la multiplicité des traditions dont elle peut se réclamer. Comment rendre compte et traduire les pluralités de formes de pratiques, des concepts développés ? Ce cours, à caractère synthétique et prospectif, vise à présenter l’anthropologie de la santé et en montrer les directions diverses, les enjeux multiples et la pluralité des regards selon les histoires et les traditions.

ANTHROPOLOGIE DU CORPS 
Le cours illustre comment l’objet « corps » s’est constitué et a évolué dans l’histoire de la discipline, à travers différentes thématiques : physiognomonie, pratiques corporelles, parures corporelles, corps et statut juridique, substances, anthropologie sensorielle, politique des corps, traitement du corps mort (l’exemple du cannibalisme), etc.