ECTS
4 crédits
Composante
Département de Formation Lettres et Sciences Humaines
Volume horaire
36h
Période de l'année
Semestre 2
Description
Mort et transfiguration : figures de la mort dans la musique.
La musique entretient un commerce particulier avec la mort.
De toutes les figures ayant fasciné l’esprit humain, la mort compte certainement au nombre de celles qui ont inspiré
le plus grand nombre d’artistes. Sans doute parce que faire de la mort le sujet d’une œuvre d’art c’est tenter de la
conjurer… Les musiciens ne sont pas en reste, si l’on songe que, au plus loin des temps, la musique est
l’accompagnement privilégié du rituel funéraire…
Plus généralement, et dans des contextes sociaux et artistiques variés, la musique trouve dans la mort une source
d’inspiration particulièrement féconde. Cette affinité, elle la doit à son essence même. Art du temps, la musique est
assez semblable, en son déroulement, à celui de l’existence : un début – un milieu – une fin. C’est peut-être cette
similitude temporelle qui la rend si particulièrement apte à se faire l’expression sonore d’un devenir, jusqu’à sa fin
ultime.
Car la musique n’est pas seulement accompagnement de la mort (dans un contexte de célébration funèbre déjà
mentionné), elle peut également en être l’expression, lorsqu’elle inscrit la mort dans la substance même de son
œuvre. C’est ce second aspect qui nous intéressera tout particulièrement dans ce cours, à partir duquel se
dessineront différents axes d’analyse : comment la mort est présente dramatiquement dans l’œuvre musicale,
incarnée ou subie par des personnages, figurée par des motifs…. (dies irae pour le plus connu). Différents degrés
de sa présence seront, dans cette perspective, abordés : elle est parfois au centre d’une œuvre (tragique), soit par
son sujet, soit par ses formes (marche funèbre, requiem, funérailles, tombeau…) ; ailleurs elle n’intervient que
ponctuellement dans une œuvre centrée sur d’autres thèmes.
La figure de la mort en musique est parfois associée à la notion de transfiguration. Il résulte de cette proximité une
forme de tension, voire de dialectique. Ce n’est pas seulement dans un sens religieux que nous emploierons cette
notion. La transfiguration n’est-elle pas d’abord le passage d’une figure à l’autre, ce qui est une constante dans
l’histoire de la musique et le fondement de la musique elle-même, qui opère la transformation d’un corps sonore
inanimé en une réalité supérieure ?
Exception faite des œuvres d’inspiration religieuse, telles les cantates ou oratorios, dans lesquelles l’absence qu’est
la mort est convertie en présence divine par le pouvoir des sons, représenter musicalement la mort, c’est-à-dire le
néant, dans sa double dimension, à la fois visuelle (le vide) et sonore (le silence absolu), est une gageure qui porte
la musique aux limites de la notion de « figuralisme ».
Syllabus
Principales oeuvres abordées :
- C. Gesualdo, Madrigaux, Livre VI (1613).
- C. Monteverdi, « Lamento » d’Arianna (1608 ; 1614)
- H. Purcell, Music for the Funeral of Queen Mary (1695) ; Didon et Enée, acte III, sc. 2 (1689).
- J. S. Bach, Cantate BWV 60 (1723) ; BWV 82 (1727) ; Ode Funèbre BWV 198 (1727)
- W. A. Mozart, Maurerische Trauermusick KV 447 (Ode funèbre maçonnique)
- F. Schubert, Le Voyage d’hiver, D. 911 (1827) ; lied « La jeune fille et la mort » D 531
- Meyerbeer, Robert-le-Diable (1831)
- Gounod, La Nonne sanglante (1854)
- C. Saint Saëns, Danse macabre op. 40 (1874)
- Moussorgsky, Chants et danses de la Mort (1875-1877).
- F. Liszt, Du berceau à la tombe (1881)
- R. Strauss, Mort et transfiguration op. 24 (1889)
- S. Rachmaninov, L’Ile des morts (1909)
- A. Berg, Concerto à la mémoire d’un ange (1935)
- B. Britten, The Turn of the Screw (1954).
- Requiem : Mozart (1791) ; H. Berlioz (1837) ; Verdi (1874) ; G. Fauré (1888) ; B. Britten (War Requiem,
1962) ; Ligeti (Requiem, 1965, Lux aeterna, 1966) ; W. Rihm, Et Lux (2009).
- Marches funèbres : Beethoven, Sonate pour piano n° 12 op. 26, 3e mvt (1800) ; Symphonie Héroïque (n° 3)
(1803-4) ; F. Chopin, Sonate pour piano n°2 op. 35, 3e mvt ; R. Wagner, Le Crépuscule des dieux, Acte III, sc. 2 (mort de Siegfried) (1876)
Une brochure comprenant des extraits d’œuvres musicales et des écrits divers ainsi qu’une bibliographie seront
distribuées aux étudiants en début de cours.
Dernière mise à jour le 17 octobre 2023