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Séminaire "Littérature générale et comparée 1"

  • ECTS

    5 crédits

  • Composante

    UFR Lettres, Art, Cinéma

  • Volume horaire

    24h

  • Période de l'année

    Semestre 1

Description

Puissant outil de mythification et de naturalisation, le modèle généalogique innerve les récits nationalistes, dont on observe actuellement la résurgence en Europe et ailleurs : lignées héroïques, continuités historiques falsifiées, représentations organicistes de la famille et de la société sont convoquées pour légitimer des conceptions closes de l’identité, qui oblitèrent le caractère multiculturel des sociétés et l’histoire pluriséculaire des migrations humaines. On lira tout d’abord des historiens et des philosophes qui analysent les composantes de ces grands récits ainsi que leur imprégnation diffuse dans les imaginaires et le langage. On se demandera par quels procédés d’écriture les œuvres littéraires prennent part à ces constructions idéologiques ou bien leur résistent. Dans la mesure où il semble illusoire de sortir de la généalogie (la table-rase et l’auto-engendrement reconduisant eux-mêmes une telle logique), on réfléchira ensuite aux moyens de la déplacer (selon le terme de François Noudelmann). On s’intéressera à des travaux d’anthropologues qui pensent la famille en remettant en question la primauté de la filiation biologique, et qui opposent aux nationalismes ethniques de tout autres conceptions de l’identité. On déploiera également quelques démarches philosophiques et psychanalytiques qui repensent le modèle généalogique pour le dessaisir de son pouvoir de pétrification en le confrontant à d’autres paradigmes : enquêtes diffractant l’origine (Nietzsche, Foucault) ; transmission de mémoires trouées, hantées et déniées (Janine Altounian, Karima Lazali) ; rhizomes (Deleuze et Guattari), créolisation (Glissant), airs de famille (Wittgenstein), affinités électives (Noudelmann), troubles dans le genre et dans la parenté, mais aussi dans l’espèce (Donna Haraway)… Car réfléchir à d’autres politiques du modèle généalogique aujourd’hui, c’est également tenter de refaire monde en se pensant comme vivants humains parmi d’autres vivants non[1]humains, avec lesquels d’innombrables alliances et liens de parenté sont à retisser et à imaginer. Des extraits seront discutés collectivement à chaque séance. Chaque proposition issue des sciences humaines sera mise en regard avec des œuvres venant de plusieurs horizons que l’on lira dans leur version originale et/ou en traduction. Cette approche comparatiste transculturelle envisagera ainsi les textes littéraires comme des lieux privilégiés du déplacement de la généalogie, dans la mesure où le travail sur les langues et les imaginaires permet de repenser la communauté en osant des négociations individuelles ou collectives avec les identités assignées, en construisant des subjectivations et des apparentements, en se laissant traverser par des voix et des souffles.

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Heures d'enseignement

  • Séminaire "Littérature générale et comparée 1"Cours Magistral24h

Syllabus

Kwame Anthony Appiah, The Ethics of Identity, Princeton University Press, 2004.

Homi Bhabha (ed.), Nation et narration, Routledge, 2008.

Pascale Casanova, La République mondiale des lettres (1999), Seuil, 2008.

Johann Chapoutot, La Loi du sang. Penser et agir en nazi, Gallimard, 2014.

Catherine Coquio, Le Mal de vérité ou l’utopie de la mémoire, Armand Colin, 2015.

William Connolly, The Ethos of Plurization, University of Minnesota Press, 1995.

Jacques Derrida, Politiques de l’amitié, Galilée, 2003.

Blaise Dufal, « Le fantasme de la perfection originelle », Cahiers mondes anciens, 11, 2018.

Michaël Fœssel, Récidive 1938, PUF, 2019.

Maurice Godelier, Métamorphoses de la parenté, Fayard, 2004.

Thomas Hylland Eriksen and Marek Jakoubek (dir.), Ethnic groups and boundaries today : a legacy of fifty years Routledge, 2019.

Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, La Découverte, 2017.

Hervé Mazurel, L’Inconscient ou l’oubli de l’histoire, La Découverte, 2021.

Achille Mbembe, Politiques de l’inimitié, La Découverte, 2016.

Baptiste Morizot, Raviver les braises du vivant, Actes Sud/Wildproject, 2020.

Mathieu Potte-Bonneville, Michel Foucault, l’inquiétude de l’histoire, PUF, 2004.

Philippe Poutignat et Jocelyne Streiff-Fénart, Théories de l’ethnicité suivi de Les groupes ethniques et leurs frontières (Fredrik Barth), PUF, 2008.

François Noudelmann, Pour en finir avec la généalogie, Léo Scheer, 2004.

Judith Schlanger, Les métaphores de l’organisme, L’Harmattan, 1995.

Anne-Marie Thiesse, La Création des identités nationales. Europe, 18e-20e siècle, Seuil, 1999.

Revue Vacarme, Nouveaux fascismes ? Enquête sur les droites en Europe, n° 55, printemps 2011.

Eduardo Viveiros de Castro, Métaphysiques cannibales : lignes d'anthropologie post-structurale, PUF, 2009.

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