ECTS
4 crédits
Composante
Département de Formation Lettres et Sciences Humaines
Volume horaire
36h
Période de l'année
Semestre 1
Description
Cet enseignement, proposant des programmes différents, vise à initier les étudiants aux méthodes d’une
discipline nouvelle, la littérature comparée, et à travailler sur un corpus de textes littéraires international.
Choisir 1 groupe :
Gr. 1 – MARIK FROIDEFOND : Labyrinthes, envols, chutes : variations sur Dédale et Icare
dans la poésie et les arts
Cours mutualisé L1 et L2
Dans la mythologie grecque, Icare est connu pour avoir tenté de s’enfuir du labyrinthe conçu par son père
Dédale grâce aux ailes fabriquées avec des plumes et de la cire. Malgré les recommandations de son père, Icare
ne résiste pas au désir de voler plus près du soleil. La cire fond, Icare tombe et se noie dans la mer.
Qu’elle exalte l’élan juvénile, le haut désir tendu vers la conquête d’un feu, ou l’orgueil tragiquement
sanctionné, chargé de nous rappeler que l’homme doit consentir à la terre, cette fable exerce une fascination et
une autorité ininterrompue dans l’imaginaire occidental. Son scénario est devenu un lieu commun poétique et
iconographique de la culture européenne auquel ont été prêtés des sens variés, parfois même contradictoires.
S’il jouit d’une telle vitalité, c’est qu’il doit contenir autre chose qu’une simple histoire d’orgueil et de cire
fondue.
Nous tâcherons de comprendre de quoi il s’agit en faisant dialoguer les différentes variations et les
ambivalences qu’elles portent, depuis Ovide et Virgile, jusqu’aux reformulations très contemporaines (Bernard
Noël, Marie-Claire Bancquart, Martin Rueff). Cette exploration nous fera circuler dans la poésie, les arts et la
philosophie, dans plusieurs langues et plusieurs cultures. Nous nous arrêterons notamment sur la poésie et la
peinture du XVIe siècle en Italie (Salazar, De Tansillo), en Espagne (Góngora), en France (Saint Gelais, Ronsard,
Desportes) et dans les Flandres (Brueghel), où le mythe d’Icare a connu une grande fortune, tant pour mettre
en question l’idéalisme platonicien que l’exigence et les risques de l’amour et de l’écriture poétique. Nous nous
arrêterons aussi sur le XIXe siècle où, à la suite des rêveries de Goethe et Nietzsche sur Euphorion et à l’heure
des débuts de l’aéronautique, les poètes (Gautier, Baudelaire, Hugo, Nerval, Mallarmé) ont repris cette
imagerie pour souligner l’impuissance à conjuguer le rêve et l’action, le désir d’absolu et l’acceptation de la
terre vers laquelle s’infléchissent les variations du XXe siècle (Apollinaire, Joyce, Matisse, Picasso, Rodin, Sima,
Bataille, Mizón, W. Carlos Williams, Queneau, Triolet, Butor), y compris dans le cinéma (Verneuil) et la danse
(Lifar, Joseph Nadj).
Cette exploration examinera aussi les rabaissements burlesques, les dégradations moqueuses et les figements
en stéréotypes dont Icare a été l’objet, à même de mieux éclairer que la gravité qu’interroge le mythe est aussi
une gravité de ton.
Une brochure sera donnée au début du semestre avec les poèmes étudiés et un choix de textes philosophiques
(Platon, Nietzsche, Freud, Bachelard, Castoriadis, Comte-Sponville, Calasso, Dufourmantelle) qui serviront de
support à la réflexion.
Les modalités de contrôle continu seront précisées au début du semestre.
Gr. 2 – CYRIL VETTORATO : Découverte des poésies étrangères
Ce cours se propose d’introduire à la poésie du vingtième siècle dans une perspective comparatiste. Il offrira
des introductions panoramiques par région du monde et des outils méthodologiques généraux pour découvrir
ce champ, mais aussi des cours plus spécifiquement consacrés à l’œuvre de poètes du monde entier (Afrique,
Amériques, Asie, Europe…). Nous verrons comment l’invention du style poétique personnel de chacun s’est fait
en relation avec la tradition et la manière dont elle a formulé les grandes interrogations de la condition
humaine, mais aussi en réaction au présent, y compris dans ses dimensions sociales et politiques. Le principal
objectif du cours sera de permettre à chacune et chacun de s’approprier petit à petit, au fil du semestre, des
textes poétiques qui pourraient sembler difficiles au premier abord. Nous pratiquerons intensivement l’analyse
des poèmes en classe, en encourageant la participation et la proposition d’hypothèses de lecture. Nous lirons
les textes en traduction françaises, mais nous encouragerons aussi les étudiantes et étudiants à se tourner vers
certains textes originaux en fonction de leurs compétences linguistiques.
Gr. 3 – LISE WAJEMAN : Héroïnes de comédie
Qu’est-ce qu’une héroïne de comédie ? Une femme héroïque, ou une femme amoureuse, ou une femme
drôle ? Peut-elle être, ou pas, tout cela à la fois ? Il s’agira dans ce cours de travailler à la croisée du genre
littéraire et du genre sexuel (« gender »), pour voir comment s’affirme, dans le théâtre européen, une
homologie entre la femme et la comédie : toutes deux sont séduisantes et dangereuses. Le cours portera sur
quatre pièces de théâtre et, si nous en trouvons le temps, s’achèvera avec l’étude de films, dont Bringing Up
Baby (L’impossible Monsieur Bébé) de Howard Hawks (1938).
Programme (se procurer impérativement les éditions indiquées, pour éviter tout problème de traduction ou de
pagination) :
Aristophane, Lysistrata, trad. V.-H. Debidour, in Aristophane, Théâtre complet, vol. II, Folio classique
William Shakespeare, Comme il vous plaira, trad. J.-M. Desprats, Folio théâtre
Molière, L’École des femmes. La Critique de l’École des femmes, présentation et dossier de Bénédicte
Louvat-Molozay, GF
Carlo Goldoni, La Locandiera, trad., notes et présentation de Gérard Luciani, Folio bilingue
Gr. 4 – RÉGIS SALADO : Nouvelles des failles intimes
Les nouvelles du programme, centrées pour la plupart sur une crise du couple, proposent des plongées dans
l’intériorité de personnages qui appartiennent au monde ordinaire. Pour rendre compte d’expériences
communes, les auteurs mobilisent, de manière innovante à l’époque où ces nouvelles ont été écrites, les
ressources littéraires de la représentation de la vie psychique. Le cours portera une attention particulière aux
diverses modalités de l’écriture de l’intériorité (monologue intérieur, notations du flux de conscience, style
indirect libre, récit de rêves), tout en s’efforçant de restituer les enjeux historiques et sociaux dont sont
porteurs les textes. Le genre de la nouvelle fera l’objet d’une réflexion spécifique en introduction du cours.
Programme :
Trois livres qu’il faut obligatoirement avoir en cours dans l’édition indiquée
James JOYCE : Un cas douloureux / A Painful Case, Les Morts / The Dead, traduction, préface et notes par
Jacques Aubert, folio bilingue n° 181.
Jean-Paul SARTRE : Le Mur, folio n°878 [pour les nouvelles « Intimité » et « La chambre »]
Arthur SCHNITZLER : La Nouvelle rêvée, traduction et présentation de Philippe Forget, Le Livre de poche n°3358.
Deux autres textes seront étudiés pour lesquels un tirage papier sera distribué en cours
Katherine MANSFIELD : « The Stranger » / « L’étranger », dans le recueil La Garden-party et autres nouvelles /
The Garden Party and Other Stories, traduction, préface et notes par Françoise Pellan, folio bilingue n°140.
Francis Scott FITZGERALD : « The Crack-Up » / « La fêlure », dans le recueil La fêlure et autres nouvelles / The
Crack-Up and other short stories, traduction par Dominique Aury et Suzanne V. Mayoux, préface de Roger
Grenier, postface de Philippe Sollers, folio bilingue n°124.
Gr. 5 – INÈS CAZALAS : Histoires de sorcières
Depuis une dizaine d’années, la figure polymorphe de la sorcière a ressurgi chez certains mouvements
féministes (anticapitalistes, écologiques) ainsi que dans différents champs de la production éditoriale et de la
création artistique. Pour réfléchir aux significations de ce retour, on se demandera d’abord comment cette
figure ancienne a été fabriquée par une multitude de discours et d’images, et on rappellera une histoire
longtemps oubliée, celle de la chasse aux sorcières, qui fit des milliers de victimes en Europe entre le milieu du
XVe siècle et la fin du XVIIIe siècle. Comment une telle « logique de la haine » (Jacob Rogozinski) envers un
« ennemi intérieur » s’est-elle mise en place en plein processus de sécularisation ? Comment des dispositifs de
persécution ont-ils relégitimé des souverainetés politiques tout en disciplinant les corps, notamment ceux des
femmes (Silvia Federici) ? Comment, des romantiques aux féministes des années 1970, la stigmatisation a-t-elle
été retournée en réhabilitation, voire en revendication ? De quoi la sorcière est-elle le nom aujourd’hui ?
Ce premier temps du semestre s’appuiera sur un parcours iconographique et sur une brochure réunissant des
extraits de traités de démonologie, d’ouvrages de sciences humaines, de textes féministes et d’œuvres
littéraires (Homère, Euripide, Ronsard, Montaigne, Sigogne, Shakespeare, Michelet). On visionnera aussi
quelques séquences de films (Häxan. La Sorcellerie à travers les âges (1922) de Benjamin Christensen, Jour de
colère (1943) de Carl Dreyer, Sorcières, mes sœurs (2010) de Camille Ducellier).
Après ce grand vol panoramique, on comparera Les Sorcières de Salem (1953) d’Arthur Miller et Moi, Tituba
sorcière… (1986) de Maryse Condé – roman donnant voix à l’esclave noire qui est un personnage secondaire de
la pièce de Miller. On analysera les enjeux de cette réécriture et on s’interrogera sur les résonances actuelles de
la chasse aux sorcières. On s’intéressera aussi, grâce au roman de Maryse Condé, à ce que la diabolisation de la
sorcellerie a oblitéré : des savoirs traditionnels, des gestes de guérison, des rituels qui traversent les frontières
établies entre le visible et l’invisible, les vivants et les morts, la nature et la culture. On réfléchira alors plus
largement aux convergences et différences qui existent entre pratiques chamaniques et processus artistiques.
Syllabus
Arthur Miller, Les Sorcières de Salem, Robert Laffont, Pavillons Poche, 2015.
Maryse Condé, Moi, Tituba sorcière…, Gallimard, Folio, 1988.
Dernière mise à jour le 17 octobre 2023