Antropologie (2)

Ce cours vise à intégrer le « regard et la sensibilité anthropologique » comme une forme de décentrement réflexif vis-
à-vis de la diversité socioculturelle. Les concepts clés pour l’analyse des différents groupes sociaux dans leur
interaction – ethnie, identité, altérité, culture, nature, société, individu, famille, territoire, communauté, tradition,
changement social, etc. – sont des constructions historiques, théoriques et idéologiques qui, sans un questionnement
systématique, deviennent des notions de sens commun et peuvent agir sur la lecture de la réalité sociale et même
orienter vers des pratiques opposées aux principes éthiques des futurs professionnels, en renforçant des situations de
discrimination. Il s’agira donc d’interroger ces concepts et les problématiques qui y sont associées, suivant les
moments fondateurs du regard anthropologique et de « la pensée de l'autre » et les théories anthropologiques classiques
fondatrices de la discipline (les courants contemporains étant traités en partie dans le cours d’Anthropologie 2 (L2) et
en L3 dans le cours d’anthropologie culturelle et sociale). Nous aborderons a) le regard d’occident et les différentes
figures matrices de l’altérité (de l'antiquité au XVIII siècle) ; b) les figures émergentes de l’altérité à partir de « la
création du monde » (P. Worsley) : la construction de l’autre par la « différence » (paradigme évolutionniste-
ethnocentrisme-expansion coloniale) et par la « diversité » (fonctionnalisme-relativisme-consolidation de la situation
coloniale).

Travaux dirigés : Les étudiant-e-s réaliseront un dossier de presse sur la problématique de la production sociale de
l’autre socioculturel (ex. : l’étranger, les « sans-papiers », les « jeunes de banlieue », les tsiganes etc.). Il s’agit de voir
dans quelle mesure les images utilisées fréquemment par les médias, les discours politiques, les « faits divers » pour
décrire, représenter l’altérité réactualisent les images des courants de pensée et des théories classiques de
l’anthropologie.

-Savoir interroger historiquement les concepts clés de l'anthropologie afin d’éviter toute naturalisation de ces notions.
-Apprendre et comprendre la construction historique, sociale et politique des figures de l'altérité « par la différence »
issues du regard d'occident depuis l'antiquité jusqu'au paradigme évolutionniste (l'autre radical, l'autre semblable, le
« bon sauvage », le « primitif » ).41
-Être capable de reconnaître et d’analyser la réactualisation des figures précédentes ainsi que leurs nouveaux
« formats » et contenus, dans des sources provenant de la presse, des discours politiques, de la publicité, actuels

BONTE, P., IZARD, M., Dictionnaire de l’ethnologie et d’anthropologie, PUF, 1991 ;COPANS, J., Introduction à l’ethnologie et à l’anthropologie, Nathan, 1996 ; JAULIN, R., L'ethnocide à travers les Amériques, Fayard, 1972 ; KRISTEVA, J., Étrangers à nous-mêmes, Fayard, 1988 ; LAPLANTINE, F., Je, Nous et les autres. Être Humain au-delà des appartenances, Le Pommier. 1999 ; LEIRIS, M., Cinq Études d’ethnologie, Denoël, 1969 ; LEVI-STRAUSS, C., Race et histoire, Gouthier, UNESCO, 1952 ; LOWIE, R., Histoire de l’ethnologie classique, Payot, 1963 ; MAUSS, M., Sociologie et anthropologie, PUF, « Quadrige », 1950 ; MERCIER, P., Histoire de l’anthropologie, PUF, 1996 ; MALINOWSKI, B., Les Argonautes du Pacifique occidental, Gallimard, 1963 ;SAHLINS, M., Critique de la sociobiologie. Aspects anthropologiques, Gallimard, 1980 ; TODOROV, T., Nous et les
Autres, Seuil, 1989