Cosmopolitiques

Ce cours souhaite s’intéresser à la condition de l’homme global. Il part de la question de la globalisation et l’interrogera cette année en direction de la migration et des contradictions entre globalisation et frontière. L’homme global est compris aujourd’hui comme l’homme intégré par excellence, dont le travail et les loisirs répondent à une norme universelle renvoyant à un homme générique. Là où Marx s’employait à comprendre la signification de « l’homme total », la condition de l’homme global entre en contradiction avec l’existence des frontières. Si elle peut être interprétée comme l’amplification théorique de l’utopie cosmopolitique, il semble plus opportun de la considérer comme l’ultime effet d’un néolibéralisme débridé qui impose une image de l’homme global comme abstraction requise par les lois du marché. Comment, dans ce contexte, comprendre l’existence des frontières nationales qui bloquent l’entrée des uns et rendent possible l’entrée des autres ? Nous nous intéresserons à la figure de l’exilé en réfléchissant aux relations entre frontières et hospitalité dans une perspective de globalisation. Pendant longtemps l’hospitalité était une valeur morale. Une révolution théorique s’est opérée au 18.e siècle. Elle est devenue une exigence politique. Elle a ainsi cessé de concerner la vertu des individus pour devenir une obligation politique des nations modernes. C’est Kant qui a, mieux que quiconque, formulé le plus clairement ce renversement en soulignant que l’hospitalité n’est plus une affaire de compassion mais de droit. Comment entendre cette leçon politique aujourd’hui ? N’est-il pas possible de voir dans le migrant une autre figure de l’homme global ? Ces considérations croiseront les principales réflexions philosophiques contemporaines sur l’hospitalité (Derrida, Benhabib, Brown, Butler) pour interroger la valeur politique de l’hospitalité et se demander en quel sens elle contribue à l’établissement d’un monde commun. Ce cours voudrait susciter et amplifier une réflexion éthique sur le statut de l’autre, la valeur de l’altérité en suscitant des questions politiques sur le sens de la frontière, la fonction contemporaine de l’idée de nation, de la souveraineté

Kant, Projet de paix perpétuelle 
Arendt, « Le déclin de l’Etat-nation et la fin des droits de l’homme », Les origines du totalitarismeBalibar et Wallerstein, Race, nation, classe. Les identités ambigües, La Découverte, 1988