Art et société

Prenant au sérieux la littérature comme savoir social, nous chercherons à montrer comment elle a doublé la naissance des sciences sociales de ses propres enquêtes sur la pauvreté. A un moment où la figure du pauvre est devenue un scandale noir que la société ne parvenait plus à expliquer totalement, prise dans les contradictions du pauvre ne pouvant travailler et du pauvre ne voulant travailler, la littérature s’est donnée comme tâche de raconter la vie des pauvres car elle s’est employée à raconter adéquatement une société : elle leur a donné voix notamment à travers trois figures, celle du transfuge (Dickens), du misérable (Hugo) et du prolétaire (Zola). Nous analyserons ces trois figures en montrant comment le roman a fonctionné comme une enquête sociale. Dans son Avant-Propos de la Comédie Humaine, Balzac ne se présente-t-il pas comme un nouveau Buffon voulant décrire toutes « les espèces sociales » ? Le projet de rendre compte de la vie pauvre participe ainsi d’une volonté de décrire les pathologies sociales qui minent une société. La sociologie trouve là son archéologie littéraire.

Compétences visées : lecture d’un des trois grands romans étudiés et capacité à formuler un récit sur la naissance de la sociologie en rapport avec ce roman.

Bibliographie 
Une lecture des trois œuvres littéraires est vivement recommandée 

Dickens, Oliver Twist Hugo, Les misérables 

Zola, Germinal 

Lire en complément Pierre Rosanvallon, Le parlement des invisibles, Paris, Seuil, 2014